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Découvrez la thématique « Apprendre » et « Innover »

Thématique “Apprendre”

Le bilan de la période écoulée consolide la posture épistémologique, praxéologique et heuristique de l’équipe et affirme sa trajectoire vers des travaux visant l’analyse et la compréhension des interactions entre des caractéristiques organisationnelles, situationnelles, environnementales et des caractéristiques personnelles, dispositionnelles, individuelles, pouvant expliquer ce qui facilite ou entrave les apprentissages. Ils portent sur la mise en capacité à apprendre quels que soient les environnements d’apprentissage (une situation de formation ou de travail, un jumeau numérique, un espace de coworking, une situation tutorale, etc.) et les dispositifs ou espaces de la formation (formels, informels, académiques ou non, immersifs, de travail, de formation, etc.). L’avenir est à la poursuite de cette posture sur des projets transverses (ou non) aux équipes et au sein de l’équipe, externes (consortium, partenariats, etc.) ou internes (CESI). Nous souhaitons, au travers les travaux de l’équipe, contribuer à une science du milieu, une mésologie de l’apprendre. Une publication en 2022 (Blandin, 2022) et une autre en 2023 (Cuvelier et Fernagu, 2023) posent quelques jalons en ce sens.

La constitution de l’équipe lui permet de regarder les interactions organisations-individus de différents points de vue : celui des sciences de l’éducation et celui de l’ergonomie. S’ils se rencontrent sur les conditions du développement professionnel, ils mobilisent des concepts différents et des méthodes qui ne véhiculent pas les mêmes présupposés théoriques. L’un des enjeux scientifiques de l’équipe est de rapprocher le cadre des capabilités de Sen et celui des instruments de Rabardel et de se demander à quelles conditions il serait possible de construire un cadre théorique dual. Un texte vient de paraître et pose les premiers jalons de cette ambition (Cuvelier et Fernagu, 2023) qui pourrait participer à la construction d’une mésologie des apprentissages. D’un point de vue empirique, les chercheurs de l’équipe s’intéresseront aux dispositifs pédagogiques de CESI pour documenter leurs hypothèses.  Il sera ainsi possible de travailler par exemple sur la problématique de la formation par et pour la recherche en dehors des parcours doctoraux pour tenter de comprendre comment les “frottements” à la recherche permettent aux apprenants des différentes filières d’acquérir des capacités en lien direct avec le développement de leur employabilité… d’être mis en capacité de développer leur employabilité. Toujours sur le plan empirique, des incises pour traiter nos hypothèses pourront être réalisées dans des projets en cours, telle que la question de la mise en capacité à apprendre avec les Jumeaux Numériques.

L’évolution de nos modalités d’apprentissage, l’introduction exponentielle du distanciel, l’intégration de l’intelligence artificielle ou des technologies du monde de l’entreprise (robot, jumeau numériques, cobotique, etc.), des technologies pour apprendre (simulation, immersion, réalité virtuelle, etc.) dans les dispositifs et process de formation bousculent nos manières de faire, nos savoirs sur l’apprendre et l’enseigner. De nombreuses questions restent posées à la recherche quant à la manière dont elle peut apporter des réponses pour comprendre et analyser ce qui change dans ces environnements d’apprentissage : en termes de contenus et de pratiques d’apprentissage mais aussi d’enseignement. Une thèse est d’ailleurs en cours dans l’équipe sur l’apprendre avec les jumeaux numériques. Cet intérêt pour l’“apprendre avec les technologies” se combine à la nécessité de travailler également sur l’“apprendre les technologies”.

En effet et compte tenues des technologies présentes dans de nombreux établissements formant aux métiers de l’industrie du futur, et de l’évolution même des technologies dans le monde industriel, d’autres pistes de recherche se profilent pour questionner les pratiques pédagogiques. L’enjeu est d’étudier la manière dont elles préparent les nouveaux apprenants à s’adapter en permanence à ces changements et à ceux qui les débordent (réglementaires, économiques, organisationnels, environnementaux, etc.). Comment cette situation se présente-t-elle comme une opportunité de travailler sur le développement de la capacité d’apprenance? Quels sont en ce sens les opportunités et les ressources dont disposent véritablement les apprenants dans les dispositifs et parcours de formation qu’ils fréquentent. L’autonomie se construit, elle ne se décrète pas… Quelle inclusion participe-t-on à construire dans la société à partir des modalités et dispositifs pédagogiques déployés ?

A la périphérie de ces environnements institutionnalisés technologisés ou médiés par les technologies, il conviendra également de mieux se saisir de l’idée d’environnement personnel d’apprentissage (EPA), voire d’“environnement personnel d’apprentissage capacitant”, de mieux comprendre comment les apprenants se construisent leurs propres environnements d’apprentissage ( voire leurs systèmes d’instruments ou genèses instrumentales au sens ergonomique) lorsqu’ils font appel à des technologies “buissonnières” liées par exemple à l’intelligence artificielle (ChatGPT, datas, etc.), aux communautés en ligne (réseaux sociaux, forums, etc.) ou aux instruments en ligne ou en open source (podcast, logiciels, etc.), etc. soit pour mieux les prendre en compte dans les activités de formation (reconception pédagogique, individualisation, autoformation, étayage didactique, pédagogie inversée, etc.), soit pour étayer des parcours de formation autonomisant (voire autogérés). Au final, il s’agit de s’intéresser à la manière dont ces EPA reconfigurent les activités de formation et d’apprentissage, se complètent ou se complémentent, voire se disruptent – sans se désintéresser des outils non numériques de ces écosystèmes. C’est l’ensemble des usages qui est à étudier pour en comprendre la pertinence et les conditions de leur efficacité – pour tenter de modéliser la mise en capacité à apprendre et de nouvelles formes de rapport aux savoirs.

Etudier les milieux de formation mobilisant les technologies pour (aider à) apprendre, c’est participer à la mise en place d’une recherche qui questionne l’existence d’une potentielle mésologie de l’apprentissage et éclaire la manière dont les milieux de formation peuvent être (in)(dé)capacitant.

De nombreux projets de l’équipe ION mais aussi relatifs à la politique d’établissement CESI se prêtent aujourd’hui à l’analyse de l’apprendre avec les technologies et pourront faire l’objet de collaborations apprenantes.

Depuis quelques années déjà, la formation en situation de travail sous différentes formes (tutorat, supervision, FEST, espaces collaboratifs, simulation, RA RV, analyse de l’activité, recherche action, alternance, pédagogies du projet, etc.) mobilise la recherche. Dans le champ des pratiques, elle continue son ascension dans l’ingénierie des dispositifs de formation et des politiques publiques qu’il s’agit de questionner tout comme les différentes raisons qui expliquent la désaffection pour les formes classiques de la formation. La formation dans et par le travail est-elle garante d’une meilleure appropriation et transfert des connaissances ?  Est-elle garante de capacités plus agiles et plus durables ? Ou sert-elle à fabriquer des compétences peu “transportables” ? A quelles conditions est-elle plus efficace ? Est-il possible de proposer des indicateurs d’évaluation de cette efficacité ?  Est-il possible de mieux comprendre ce qui fait obstacle aux apprentissages professionnels (ou au contraire les potentialise) dans les différentes formes de la formation et méthodes pédagogiques mobilisées dans les dispositifs de reliant travail et formation ?  Que pourrait être une formation “par et dans le travail” capacitante ? Les questions sont extrêmement nombreuses.

La diversité des approches conceptuelles et méthodologiques mobilisées pour rapprocher le travail de la formation (psychologie ergonomique, clinique de l’activité, anthropologie culturaliste, didactique professionnelle, sémiotique de l’activité ou cours d’action, etc.) en fait un champ de recherche extrêmement riche qui mérite aujourd’hui de se concentrer sur certaines problématiques. Des interrogations porteront de plus en plus, face aux difficultés grandissantes de financer le système de formation et face à l’explosion des effectifs apprenants, sur l’efficacité pédagogique des pratiques mises en œuvre. Il est utile de s’interroger sur ce qui conditionne la capacité formative des environnements de travail et de formation – plus largement des milieux organisationnels. Nous poursuivrons nos travaux, en ce sens, notamment autour des pédagogies de l’alternance voire de celles du projet. Ce sont aujourd’hui deux modalités de formation prégnantes, appelées à se développer exponentiellement, et qui posent très sérieusement la question de la reliance entre les savoirs pratiques et les savoirs théoriques (reliances cognitives, affectives, sociales, etc.) mais aussi de la construction de l’autonomie dans les apprentissages. Quels sont dans ces dispositifs le degré d’intégration, de connexion et de continuité de ces reliances? Une thèse en cours dans l’équipe interroge les reliances de l’alternance et comment celles-ci peuvent prendre forme dans les dispositifs de formation à distance (et soutenir les apprentissages professionnels). Une autre thèse en cours interroge la manière dont les pédagogies du projet permettent aux apprenants de développer leur pouvoir d’agir (des capacités de prise de décision, d’esprit critique, de délibération, d’autonomie, etc.).

Il existe de nombreuses raisons de s’intéresser aux pratiques de professionnalisation des enseignants et des formateurs car les situations pédagogiques ne cessent d’évoluer, que cela soit du point de vue curriculaire ou pédagogique, du point de vue des publics accueillis, du point de vue des “compétences” attendues par le marché du travail, du point de vue des formations de demain, etc.

S’intéresser aux pratiques d’apprentissage des apprenants, aux “usagers finaux” des dispositifs de formation, suffit-il à garantir l’efficacité pédagogique de ces derniers ? N’est-il pas nécessaire de s’intéresser également aux “aidants” de l’apprendre et à la manière dont ils sont mis en capacité “d’aidance” ? Quels sont les moyens qu’ils mobilisent pour faire face aux contraintes qui rythment leurs activités ? Quels sont les ressources dont ils disposent ou qu’ils convoquent pour se professionnaliser ? Notre établissement est à même d’engager et de s’engager dans ce type de recherches surtout face aux enjeux de la professionnalisation de nos enseignants-chercheurs appelés à intégrer massivement CESI dans les années à venir et à alterner activités pédagogiques et de recherche, d’ingénierie et de tutorat…

Thématique “Innover”

Le bilan de la période écoulée met principalement en avant des contributions sur la question de recherche liée au processus de créativité : conception d’environnements technologiques et méthodologiques de créativité en groupe, innovation need-seeker. Compte tenu des succès obtenus dans ce domaine (avancées de connaissances, publications, projets remportés…), nous poursuivons nos travaux dans la lignée des précédents :

  • deux thèses sont actuellement en cours sur la créativité en réalité virtuelle, l’une portant plus spécifiquement sur l’environnement virtuel immersif, l’autre sur l’incarnation et la présence (auto-perception, déindividuation). Ces recherches sont financées par des contrats doctoraux CESI, l’un national, l’autre régional. Ces investissements se justifient par l’importance du sujet pour maintenir au plus haut niveau nos plateformes et équipements de créativité (CréativLabs) : haut niveau scientifique, haut niveau technologique, transfert vers la pédagogie dans le cadre des formations à l’innovation, transfert vers le monde socioéconomique dans le cadre de prestations de créativité.
  • Dans la même perspective, nous projetons d’intensifier nos travaux sur les technologies de créativité grâce au recrutement de nouveaux enseignants chercheurs, en Interaction Humain-Machine (recrutement équipe 1 en 2022) et en Réalité Virtuelle (recrutement équipe 2 en 2023).
  • Leurs travaux pourront en partie être financés dans le cadre du PEPR eNSEMBLE (Programmes et Équipements Prioritaires de Recherche, financés par l’ANR). En 2022, CESI a rejoint ce programme dont l’objectif est de « redéfinir en profondeur les outils collaboratifs numériques ». Co-piloté par l’Université Paris-Saclay, l’Université Grenoble Alpes, l’INRIA et le CNRS, le PEPR regroupe plus de 50 laboratoires français et s’est vu allouer un financement de 38,2 M€ pour une durée de 84 mois. Nous avons déposé un premier projet dans ce cadre, en partenariat avec Télécom Paris (James Eagan), portant sur la Visualisation pour la Créativité.

Nos recherches sur les déterminants stratégiques de la créativité se poursuivent également avec plusieurs projets portant sur l’innovation need-seeker. Nous focalisons particulièrement nos recherches sur deux paradigmes :

  • la redécouverte de besoins fondamentaux :
    • A la suite d’une première thèse CIFRE, nous envisageons de poursuivre avec la SNCF la conception de systèmes robotisés pour la maintenance ferroviaire répondant aux besoins motivationnels des agents, au-delà de leurs besoins fonctionnels.
    • De la même manière, nous contribuons à réinterpréter le besoin d’autonomie des personnes en situation de handicap, dans un sens motivationnel d’autodétermination et pas seulement dans un sens fonctionnel. Cette proposition a été intégrée au projet Comeback2Me déposé dans le cadre du PPR Autonomie (Programme Prioritaire de Recherche de l’ANR) coordonné par l’INSA de Rennes.
  • La découverte de besoins futurs :
    • sur la base de la théorie du lead user, nous développons des démarches de prospective dans plusieurs champs applicatifs : dans le secteur du smart building (financement régional CESI), et dans le domaine de la mobilité, avec deux projets : une thèse dans le cadre du projet MobE (mobilité étudiante) financé par les Certificats d’Économie d’Energie et une thèse financée par VEDECOM concernant l’interaction avec le véhicule autonome.
    • Nous étudions également la viabilité des approches LivingLabs pour stimuler l’innovation au plus proche des citoyens : cette problématique est également appliquée au domaine de la mobilité dans le cadre du PIA TIGA « Rouen mobilité pour tous » (Territoires d’Innovation – Grande Ambition) et fait l’objet d’une thèse de doctorat dans l’équipe.

La persistance d’un contexte de crise protéiforme depuis la pandémie Covid-19 nous pousse à poursuivre nos travaux visant à favoriser la résilience des organisations :

  • cette problématique a été initiée dans le cadre du projet Interreg France Manche Angleterre C-Care (Covid Channel Area Response Exchange), qui s’achèvera en 2023. L’innovation de Business Model y a été envisagée pour répondre aux changements du marché et aux nouveaux comportements des clients, tout en assurant une reprise économique verte, inclusive et durable.
  • L’adaptation à un contexte de crise permanent fait écho aux modèles évolutionnistes que nous utilisons dans nos recherches sur la transformation organisationnelle. Deux thèses de doctorat sont actuellement en cours sur ces sujets : l’une en PME (dans le cadre de la chaire CESI-Avelis) vise particulièrement à développer la responsabilité sociétale de celle-ci, et l’autre en grand groupe (Division de la Production Nucléaire d’EDF) vise à articuler les enjeux individuels et organisationnels de l’engagement et de la performance.

Pour mener à bien l’ensemble de ces recherches, et en particulier celles qui se déroulent au niveau des organisations et des territoires, nous souhaitons renforcer notre ouverture disciplinaire aux Sciences Économiques (recrutement de 2 Enseignants-Chercheurs de section CNU 5 en 2022) et aux Sciences de Gestion (recrutement / intégration de 3 Enseignants-Chercheurs de section 6 en 2023). La transversalité de nos travaux est aussi visible en interne au sein de CESI LINEACT, avec des projets interdisciplinaires et inter-équipes (ex : MobE, Comeback2Me, TIGA mobilité), où l’expertise technologique du laboratoire rejoint nos expertises en Sciences Humaines.

Notre trajectoire à moyen et long terme vise à poursuivre notre ambition de redéfinir l’innovation, en dépassant une vision purement économique pour y intégrer le sens et la notion d’impact. Nous défendons une position dans laquelle l’innovation n’est pas une fin en soi, la recherche de croissance, et a fortiori de profit, doit être dépassée pour poursuivre des buts plus élevés, positifs, et durables.